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Date précédente

Jeudi 15 juillet

Myriam et Pierre-Alain Clerc, orgue

Programme

Offertoire en ré mineur
Tiré de L’Organiste moderne (1869)
Louis-James-Alfred Lefébure-Wély (1817 – 1869)

Adagio für die Flötenuhrhr, Wo 33/1 (1799)
Ludwig van Beethoven (1770 – 1827)

Improvisation
Myriam Clerc

Marcietta
Théodore Dubois (1837 – 1924)

Prélude de Tristan und Isolde (1865)
transcrit par Sigfrid Karg-Elert (1877 – 1933)
Richard Wagner (1833 – 1883)

Valse des Fleurs
(extraite de Casse-Noisette)
Piotr Ilyitch Tchaïkowsky (1840 – 1893)
Transcr. Yves Lafargue

Improvisation
Myriam Clerc

Ma Mère l’Oye (1910)
Cinq Pièces enfantines pour piano à 4 mains :
Pavane de la Belle au Bois dormant
Le petit Poucet
Laideronnette, Impératrice des Pagodes
Les entretiens de la Belle et de la Bête
Le Jardin féerique
Maurice Ravel (1872 – 1937)

Le programme

Ce sont divers aspects de la musique d’orgue entre 1799 et 1910 que ce programme aimerait faire dialoguer.

Camille Saint-Saëns a écrit dans son Ecole buissonnière (1913) : Lefébure-Wély, qui fut un merveilleux improvisateur (je l’ai entendu, j’en puis parler), n’a laissé que des morceaux d’orgue insignifiants. Pourtant, son Offertoire en ré mineur ne manque pas de souffle. Il représente les fastes de la grande liturgie catholique du Second Empire, et les grandes orgues comme celles de la Basilique Saint-Sulpice.

L’Adagio für die Flötenuhr rappelle à quel point la musique allemande de Haydn, Mozart, Weber et Beethoven a influencé la française, au gré des fameux Concerts spirituels organisés à Paris. Voilà pourquoi il ne détonne pas après Lefébure-Wély, dont certains thèmes peuvent sembler si beethovéniens, quoique traités de manière si parisienne.

L’improvisation était jadis le savoir-faire essentiel de l’organiste. En voie de disparition au XXème siècle, elle connaît aujourd’hui un important regain d’intérêt. On se rend compte qu’il faut savoir parler avant que de savoir lire, et la pédagogie musicale actuelle est en pleine mutation. L’improvisation permet dans notre programme de passer d’une pièce à l’autre en semant des idées adéquates, ou en cultivant les contrastes.

La charmante Marcietta de Théodore Dubois (auteur du très célèbre Traité d’Harmonie, Directeur du Conservatoire de Paris, Académicien célèbre) est confiée aux flûtes, agrémentées d’autres jeux pour les divers couplets. Elle montre combien la liturgie de cette époque peut être souriante, pour le public mondain des bons quartiers parisiens.

Autrefois, avant l’arrivée des enregistrements discographiques, on se délectait des grands chefs-d’œuvre en les lisant soi même, à la maison, grâce à des transcriptions pour piano, ou piano à quatre mains, ou harmonium. Cet instrument de salon était très en vogue dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Liszt en possédait cinq, dans sa maison de Weimar, dont un énorme instrument présentant deux claviers d’harmonium et un grand piano à queue comme troisième clavier. C’est Berlioz à Paris qui avait discuté de sa conception avec les facteurs Erard, pour le piano, et Alexandre, pour l’harmonium. L’organiste Sigfrid Karg Elert (1877 – 1933) a publié en 1914 trois cahiers de transcriptions de morceaux célèbres de Wagner, admirablement adaptés aux ressources de l’harmonium. Les timbres germaniques du grand orgue du Sacré-Cœur de Montreux semblent idéaux pour chercher à adapter les pages mémorables, passionnées ou extatiques, du Prélude de Tristan und Isolde.

Et puisque la Belle et la Bête, tout à l’heure, danseront une valse lente, très parisienne, écoutons d’abord la bienheureuse Valse des Fleurs de Tchaikowsky, aussi moscovite que viennoise, habilement transcrite pour orgue à quatre mains par Yves Lafargue, organiste de la Basilique de Fourvières à Lyon.

Notre Ma Mère l’Oye n’est pas une transcription : nous jouons littéralement le texte écrit par Ravel pour ses petits amis Mimi et Jean Godebski. La seule adaptation nécessaire consiste à  trouver des registrations qui respectent exactement toutes les tessitures exigées par le grand clavier du piano, tant dans le grave que dans l’aigu. On pense évidemment à l’orchestration de Ravel, par exemple à la clarinette et au contrebasson qui dialoguent pour La Belle et la Bête.

PAC

Notices biographiques

C’est à Lausanne que Myriam Clerc a travaillé le piano avec Denise Bidal, l’orgue avec Pierre-Alain Clerc et le clavecin avec Jovanka Marville. Elle a étudié la basse continue et l’improvisation avec Rudolf Lutz, Emmanuel le Divellec et, pendant quatre ans, avec Jean-Louis Feiertag, auprès de qui elle a obtenu au Conservatoire de Fribourg le Certificat d’improvisation pour organistes en 2017. Organiste titulaire des paroisses protestante et catholique d’Ollon et Villars, elle a présidé entre 2004 et 2012 le Festival de Musique Improvisée de Lausanne. Elle est depuis 2020 présidente de l’Association des Amis du Musée Suisse de l’Orgue, pour lequel elle travaille activement.

Né en 1955, Pierre-Alain Clerc a été pendant presque quarante ans organiste à Lausanne, dans les églises St-Laurent et St-Paul. Comme pédagogue, il a enseigné dans les Conservatoires et Hautes Écoles de Musique de Lausanne et Genève, et au CNSMD de Lyon. Il a fait construire ou relever plusieurs orgues en Suisse romande, toujours par Jean-Marie Tricoteaux et la Manufacture Felsberg. A côté de son activité de concertiste, à l’orgue, à l’harmonium ou à la basse continue, il travaille régulièrement comme comédien.


Cette double activité musicale et théâtrale l’a tout naturellement amené à s’intéresser à ce qu’on appelle la rhétorique musicale, puis à la déclamation classique française, sujets sur lesquels il donne fréquemment spectacles, cours, stages, séminaires et conférences. Il a été l’instigateur durant cinq ans d’un travail de recherche appliquée pour L’École des Femmes de Molière à la lumière des sources historiques du XVII
ème siècle, travail mené avec un groupe d’universitaires français et suisses. Il a joué à cette occasion le grand rôle d’Arnolphe. Dans cette optique d’une pratique artistique historiquement informée, il préside L’Association suisse pour un Théâtre à la Source (https://alexandrin.org). Il a joué plusieurs fois le rôle du Diable, ou le texte entier, dans L’Histoire du Soldat de Stravinsky et Ramuz.